Le mystère des toilettes d'Airbus


Libération, 25/11/2009 À 07H04

La compagnie aérienne Cathay Pacific a dû interrompre certains vols d'urgence après les dysfonctionnements des toilettes de bord. Les passagers sont soupçonnés.
La compagnie aérienne de Hong Kong, Cathay Pacific, a indiqué mercredi avoir connu une série d'incidents mystérieux sur les toilettes de plusieurs de ses Airbus, contraignant un appareil à un atterrissage non prévu.

Les toilettes de trois Airbus A330 et A340 ont connu des blocages inexpliqués au cours des deux dernières semaines, a indiqué à l'AFP Carolyn Leung, porte-parole de la compagnie, confirmant une information du quotidien South China Morning Post.

Le 17 novembre, un appareil effectuant un vol entre Ryad (Arabie saoudite) et Hong Kong, avec 278 passagers, a dû faire un détour et se poser à Bombay (Inde). Peu après le décollage, l'équipage s'est aperçu que les 10 toilettes de l'avion ne fonctionnaient plus.

Le vol, qui devait durer huit heures, est ainsi arrivé à Hong Kong avec un retard de 18 heures.

Deux autres vols ont connu des incidents, l'un entre Rome et Hong Kong, le 9 novembre et l'autre entre Dubaï et Hong Kong le 19 novembre.

Dans les deux cas, le nombre des passagers a dû être limité à moins de 240. L'équipage avait en effet découvert peu avant le décollage que seules la moitié des toilettes, situées sur un seul côté de l'appareil, fonctionnaient.

Les causes exactes des incidents n'ont pas été déterminées, mais selon la porte-parole, ils pourraient s'expliquer en partie par le comportement des passagers.

"Vous seriez étonnés de savoir ce que nous retrouvons dans les toilettes, des flacons de médicaments, des chaussettes, des vêtements et même des jouets d'enfants", a-t-elle indiqué.

La compagnie a consulté Airbus et ses ingénieurs sont intervenus pour entièrement purger les canalisations.

Les avions sont équipés de deux systèmes d'évacuation des toilettes, un pour chaque côté de l'appareil. Lorsqu'un système est en panne, cela peut alors affecter l'ensemble des toilettes sur tout un côté de l'avion.

Selon Cathay Pacific, le ratio minimum sur ses vols est de une toilette pour 80 passagers.

(source AFP)
Photo : un avion écrasé au milieu de toilettes portatives (BBC)

Toilettes de restaurants : un must depuis toujours

Un article gastronomique de Jean-Claude Ribaut paru dans Le Monde du 30/10/09.

Les commodités, entre pittoresque et rusticité
Vue depuis les W-C, la scène gastronomique parisienne reste assez convenue, parfois pittoresque. Au Tokyo Eat, le plasticien Stéphane Maupin a multiplié les petits coins comme autant de lieux d'aisances inspirés du monde entier. C'est au Palais de Tokyo, à Paris (16e arrondissement). Marcel Duchamp, en son temps, avait fait classer parmi les oeuvres d'art, un urinoir appelé Fontaine, visible à la Tate Modern de Londres. Philippe Starck a repris le flambeau. Il fait appel aux dernières nouveautés de l'industrie verrière pour composer d'étranges cosmogonies. Chez Baccarat, dans l'ancien hôtel particulier de Marie-Laure de Noailles, des glaces rouges reflètent à l'infini un lustre de cristal ; au Kong, c'est une boule à facettes qui distribue la lumière. Les frères Costes, eux, avaient fait installer, au défunt Café des Halles, un monument libératoire muni d'un mur fontaine lumineuse qui avait fait scandale.
Fini le temps où l'on traversait la cour pour gagner ces lieux de paix et de méditation, où l'on pouvait satisfaire des besoins, inhérents - faut-il le rappeler - à la condition humaine.
Jacques Manière, chef talentueux et irascible des années 1970 -1980, a chèrement payé d'avoir un jour répondu à deux messieurs comme il faut, qui se plaignaient de l'état des toilettes dans la cour de son premier restaurant à Pantin : "Vous venez ici pour manger ou pour ch... ?" C'étaient deux inspecteurs du Michelin. Il fut banni du Guide rouge à jamais ! Selon une enquête menée auprès de 5 664 adultes dans six pays de l'Union, 74 % des Européens sont irrités par la saleté et les odeurs méphitiques des toilettes des restaurants. La distinction doit cependant être faite entre l'hygiène et l'hygiénisme que Valérie Péan, chercheuse en sciences sociales, définit comme l'idéologie de la tornade blanche, avec ses relents moralistes et identitaires. Les gogues ? Les récits de Maupassant, les contes de Flaubert et les histoires des Goncourt sont pleins de leur fumet rustique, comme les tentures à Versailles, qui, selon saint Simon, servaient aussi à aider la nature. Les cabinets dits "à la turque", conservés jalousement par économie ou passéisme dans quelques bars à vin, comme Le Baron rouge au marché d'Aligre, à Paris (12e), font la joie des touristes - c'est bon signe, la soupe sera bonne, l'aligot parfait -, sauf des Japonais, adeptes du jet d'eau tiède en plus du papier.

Quelques lieux d'aisances sont protégés par l'administration des Monuments historiques, comme les immenses urinoirs de la maison Goumard (ex-Prunier), rue Duphot (1er), qu'appréciait le général de Gaulle en raison de leur taille ; ceux aussi du Train bleu, à la gare de Lyon, ouverts sur les quais. Salvador Dali se plaisait à aller y "pisser en regardant circuler les trains". Jacques Le Divellec a conservé les deux grands urinoirs muraux d'origine lors des travaux d'embellissement de son restaurant. Le luxe véritable est dévolu aux grands hôtels, comme le Plaza Athénée, le Cinq, le Meurice, encore que Paris ignore ce sommet qu'est le beauty parlour américain, boudoir avec miroirs, sièges et coiffeuses pour dames, le temps d'un raccord.